Tu as sans doute déjà entendu cette idée populaire : un jour, hop ! les chrétiens disparaissent, les vêtements restent sur les chaises, les clés de voiture tombent par terre, et la terre entre dans une période d’horreur. On appelle ça « l’enlèvement de l’Église » ou « la rapture ». J’y ai cru pendant des années. Puis j’ai repris ma Bible, respiré un bon coup, et je me suis demandé : est-ce vraiment ce que l’Écriture enseigne ?
Dans cet article long mais simple, on va décortiquer tout ça sans mots compliqués. Quand un mot un peu technique apparaît, je l’explique tout de suite. Cet article n’est qu’un résumé… la réponse à cette question est bien plus longue et repose aussi sur une compréhension plus complète du Royaume de Dieu… mais pour cette fois-ci ca suffira 😂.
Petit dictionnaire maison (pour survivre aux mots grecs)
Eschatologie : un mot savant qui veut juste dire « ce que la Bible dit sur la fin de l’histoire et l’avenir que Dieu prépare ». C’est notre espérance : le retour de Jésus, la résurrection, le jugement, la nouvelle création.
Parousie : mot grec pour « venue » ou « arrivée officielle ». C’est le grand retour de Jésus, pas une opération secrète commando.
Apocalyptique : style d’écriture de la Bible (comme dans Daniel ou l’Apocalypse) plein d’images et de symboles pour dire : « Dieu règne même quand tout semble partir en vrille. »
La grande question
L’enlèvement, tel qu’on l’entend souvent, dit que Jésus viendrait en secret enlever les croyants avant une période d’horreur sur terre, puis reviendrait plus tard. Aujourd’hui, je crois plutôt que la Bible parle d’un seul grand retour de Jésus, visible, joyeux, sonore, avec résurrection des morts et transformation des vivants. Pas d’évasion secrète pendant que le monde brûle. Et je vais t’expliquer pourquoi.
1. Un peu d’histoire sans mal de tête
1.1 Ce que les chrétiens ont cru pendant des siècles
Depuis les premiers siècles, les croyants attendent le retour de Jésus, la résurrection et le jugement. Le Credo de Nicée dit : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. » Pas un mot sur un enlèvement en deux temps. L’espérance, c’est la venue du Roi. Point.
1.2 Pourquoi cette idée a explosé au XIXᵉ siècle
Au XIXᵉ siècle, un certain John Nelson Darby a popularisé une lecture appelée dispensationalisme (une sorte de découpage de l’histoire en périodes). À une époque d’angoisses, de guerres et de bouleversements, l’idée d’une « sortie de secours céleste » pour les croyants a séduit. Puis les notes de la Bible Scofield, les films et romans comme Left Behind ont rendu cette théorie virale. Résultat : on a cru que c’était la lecture biblique classique, alors qu’elle est récente.
2. Ouvrons la Bible (sans lunettes compliquées)
2.1 1 Thessaloniciens 4 :16-17
« Le Seigneur lui-même descendra du ciel, avec un cri de commandement, la voix d’un archange et la trompette de Dieu. Les morts en Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous, les vivants, nous serons enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs. »
On a souvent lu ce passage comme une évasion. Mais le mot grec traduit par « enlevés » (harpagēsometha) veut aussi dire « accueillir avec honneur ». Dans le monde antique, on sortait de la ville pour accueillir un roi qui arrive et on rentrait avec lui en triomphe. C’est donc une image d’accueil, pas d’abandon. Et le contexte parle d’un retour bruyant, public, pas d’une disparition secrète en douce.
Mais c’est écrit qu’on sera enlevé dans les nuées !
Ok, t’as besoin de plus d’explication ?
🌤️ Le verset en question
Le passage central est 1 Thessaloniciens 4:16-17 :
« Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons enlevés ensemble avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. »
Le mot clé ici est « enlevés » (harpazō en grec), qui signifie littéralement “saisir, attraper, prendre soudainement”.
C’est de là que vient l’idée « d’enlèvement » ou “rapture” (du latin raptus).
Mais ce que Paul veut dire dépend du contexte culturel et biblique.
Le contexte impérial et la “rencontre”
Le mot traduit par “rencontre” (apantēsis) est un terme technique du monde gréco-romain.
Il désigne la coutume selon laquelle les habitants d’une ville sortaient à la rencontre d’un roi ou d’un empereur en visite, pour ensuite l’escorter jusqu’à la ville.
👉 Autrement dit, on ne partait pas pour quitter la ville, mais pour accueillir le roi et l’accompagner dans son entrée triomphale.
C’est exactement le parallèle que Paul emploie :
Jésus descend (comme un roi venant prendre possession de son royaume),
les siens “sortent à sa rencontre”,
puis ils reviennent ensemble avec lui pour l’établissement définitif de son règne sur la terre renouvelée.
Donc, ce n’est pas une fuite vers le ciel, mais l’accueil du Roi venant régner.
NT Wright résume cela ainsi :
“Paul ne parle pas d’un aller simple vers le ciel, mais d’un aller-retour pour accueillir Jésus sur la terre restaurée.”
Et les “nuées” alors ?
Les “nuées” (ou “nuages”) dans la Bible ne sont pas un simple phénomène météo.
Elles symbolisent la gloire manifeste de Dieu :
La nuée qui guide Israël dans le désert (Ex 13:21),
La nuée sur le mont Sinaï,
La nuée lors de la Transfiguration,
Et surtout, dans Daniel 7:13, “le Fils de l’homme vient avec les nuées du ciel” — symbole de l’autorité divine et du jugement.
Ainsi, être “enlevé dans les nuées”, c’est entrer dans la sphère de la gloire divine, participer à la manifestation glorieuse du Christ.
Ce n’est pas “flotter dans le ciel”, c’est être revêtu de gloire pour accueillir le Roi des rois.
La signification spirituelle
Théologiquement, Paul veut rassurer les croyants :
Ceux qui sont morts ne sont pas oubliés,
Tous participeront à la révélation finale de Jésus comme Seigneur,
Et nous serons transformés pour partager sa gloire.
Le but n’est donc pas d’“échapper” à la terre, mais de voir la terre elle-même renouvelée (Romains 8:19-23 ; Apocalypse 21).
L’“enlèvement” n’est pas une évasion, c’est une glorification et un accueil royal.
2.2 Matthieu 24 : « un pris, un laissé »
Jésus dit : « Deux hommes seront dans un champ, l’un sera pris, l’autre laissé. » Beaucoup y voient l’enlèvement. Sauf que, juste avant, Jésus parle de Noé : les gens mangeaient, buvaient, jusqu’à ce que le déluge les emporte. Être « pris » peut aussi signifier être emporté dans le jugement. Le message central n’est pas un calendrier d’évasion : c’est « Restez éveillés ! »
2.3 1 Corinthiens 15 : une seule grande fête
Paul parle de la « dernière trompette ». Les morts ressuscitent, les vivants sont transformés. « Dernière » trompette. Pas « première » d’une série. Il décrit la grande fête finale, pas un événement intermédiaire secret.
2.4 2 Thessaloniciens 2 : un peu de patience
Paul explique que le « Jour du Seigneur » ne viendra pas avant que certaines choses arrivent. Donc pas d’évacuation immédiate. La consigne : restez calmes, ne vous laissez pas troubler, tenez bon.
3. Le cœur du message biblique
3.1 Jésus ne prie pas pour qu’on s’échappe
Jean 17 : « Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal. » Dieu ne nous fait pas sortir du monde, il nous fortifie pour y briller. Les chrétiens sont des témoins, pas des fugitifs.
3.2 Le Royaume commence déjà ici
Jésus a dit : « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous. » Il a commencé. Si on attend juste de s’envoler, on risque de rater notre mission : aimer, guérir, enseigner, bâtir. Dieu veut qu’on participe dès maintenant à son œuvre sur terre.
3.3 La création aussi attend
Romains 8 :19-23 montre que la création elle-même attend d’être libérée. Dieu ne va pas jeter la planète à la poubelle. Il va la restaurer. Notre rôle ? Être des collaborateurs de cette restauration. Pas des spectateurs aériens.
4. Réponses aux arguments classiques (avec le sourire)
4.1 « Mais 1 Thessaloniciens dit bien qu’on sera enlevés ! »
Oui ! Mais le mot « enlevés » ne signifie pas forcément « on part au ciel pour sept ans ». C’est une image d’accueil du Roi. On va le rencontrer pour l’accompagner dans sa venue. Comme quand on va chercher quelqu’un à l’aéroport : on sort pour mieux rentrer avec lui !
4.2 « Dieu ne veut pas qu’on subisse sa colère ! »
Exact. Mais Dieu peut protéger dans la tempête, pas seulement en nous enlevant avant. Regarde Daniel dans la fosse, ou les Israélites à Goshen pendant les plaies : Dieu protège ses enfants sans forcément les téléporter ailleurs.
4.3 « L’enlèvement motive à rester prêt ! »
Super argument. Oui, Jésus peut revenir à tout moment. Mais cette vigilance reste valable même sans scénario d’évacuation. On vit prêt, pas parce qu’on a peur d’être oublié, mais parce qu’on aime Jésus.
4.4 « Sans l’enlèvement, on perd l’espérance ! »
Je crois que c’est l’inverse. Mon espérance devient plus solide. Elle ne dépend plus d’un plan d’évasion, mais du retour certain du Roi. Résultat : moins de peur, plus de joie, plus d’action.
5. Et concrètement, qu’est-ce que ça change ?
5.1 Moins de peur, plus de mission
Finies les angoisses de « laisser derrière ». Place à une foi active. On passe du mode fuite au mode mission. On sert, on prie, on aime, on bâtit. On reste sur le terrain !
5.2 Une foi qui agit ici et maintenant
Si le Royaume pousse déjà, alors chaque geste compte : encourager quelqu’un, pardonner, guérir, construire. On n’attend pas la fin du monde pour vivre le Royaume : on le manifeste maintenant.
5.3 Une espérance joyeuse et équilibrée
Fini le stress du « et si je rate le train céleste ? ». On vit en paix, en confiance, en relation vivante avec Dieu. On n’attend pas d’être enlevé, on avance main dans la main avec l’Esprit.
6. Résumé éclair (si tu lis en diagonale 😅)
- La rapture « pré-tribulation » est récente dans l’histoire de l’Église.
- Les passages bibliques parlent surtout du retour visible et triomphal de Jésus, pas d’un enlèvement secret.
- Notre espérance, c’est la résurrection, la restauration et le Royaume.
- Notre rôle, c’est d’être les mains et les pieds de Jésus ici-bas, jusqu’à ce qu’il revienne.
FAQ — parce que tu te poses sûrement ces questions
1. Est-ce que tu crois toujours au retour de Jésus ?
Oui, évidemment ! Je crois fermement à sa venue, à la résurrection et au renouvellement de toutes choses. Jésus revient, pas pour faire disparaître quelques élus dans les nuages, mais pour restaurer la création entière. Et rien que d’y penser, j’ai déjà envie de louer !
2. Donc les chrétiens vivront la tribulation ?
Bonne question ! Si par « tribulation » tu entends les temps de souffrance, de persécution ou d’épreuve, alors oui et c’est déjà le cas depuis le premier siècle. L’Église primitive vivait dans un monde hostile, sous l’Empire romain, et quand les apôtres parlaient de tribulation, c’était concret : prison, persécution, perte de tout.
La tribulation n’est donc pas seulement un événement futur avec explosions et codes secrets : elle est passée, présente et future. Beaucoup de croyants, aujourd’hui encore, traversent cette réalité dans des pays où la foi coûte cher. Et Dieu est avec eux. Il a promis sa présence, pas une fuite. (Et ça, c’est encore plus beau.)
Et si tu veux, on pourra faire un autre article complet là-dessus… mais seulement si tu es sage 😉
3. Est-ce un message pessimiste ?
Pas du tout ! C’est un message d’espérance active. On ne se cache pas sous la table en attendant que ça passe. On avance avec Dieu, remplis de son Esprit, jusqu’à ce que le Royaume soit pleinement manifesté. C’est la foi joyeuse du « même si »: même si ça secoue, je reste debout, parce que Christ vit en moi.
4. Pourquoi cette doctrine de l’enlèvement était-elle si populaire ?
Ah, la grande époque des années 80 ! 🎞️ Si tu as grandi dans une église évangélique à cette période, tu te souviens sans doute des films de peur sur « ceux qui ont été laissés » et des cassettes annonçant que Jésus allait revenir avant l’an 2000. La doctrine du pré-tribulation rapture était partout : dans les livres, les conférences prophétiques, les notes des Bibles d’étude Scofield et dans les séries télé chrétiennes américaines.
Elle a séduit parce qu’elle semblait offrir une échappatoire : « Pas d’inquiétude, on part avant que ça tourne mal. » C’était rassurant, simple, et… très vendable. Mais depuis les années 2000, beaucoup de théologiens, de pasteurs et de mouvements d’église ont commencé à revisiter cette lecture à la lumière du texte biblique et de l’histoire de l’Église. Résultat : la majorité des mouvements évangéliques aujourd’hui ne tiennent plus à un enlèvement secret distinct du retour du Christ. (Oui, tu as bien lu !)
Le problème, c’est que peu d’églises locales ont réellement mis à jour leur enseignement sur ce point. Par habitude, par attachement, ou simplement parce qu’on n’en parle plus. Mais les discussions reviennent partout : dans les séminaires, les podcasts et les écoles bibliques, on relit à nouveau ces passages avec un regard frais, moins sensationnaliste, plus centré sur Jésus et le Royaume.
5. Que faire maintenant ?
Continue d’attendre Jésus mais pas en levant les yeux au ciel sans rien faire. Vis comme un ambassadeur du Royaume : aime, sers, partage, prie, construis, encourage. Fais ce que tu peux, là où tu es, avec ce que tu as. C’est ainsi que le Royaume avance. Le Roi revient, et on veut être trouvés en train de faire ce qu’il aime.
En conclusion
Je ne rejette pas l’idée que Jésus reviendra chercher les siens. Je rejette juste la version « disparition magique avant la galère ». Ce que j’attends, c’est un Roi qui revient restaurer tout l’univers. En attendant, je veux participer à ce qu’il fait ici, aujourd’hui, avec joie, courage et un bon café à la main ☕.
Appel à l’action
👉 Prends un moment pour relire 1 Thessaloniciens 4 et Romains 8. Demande à l’Esprit : « Comment veux-tu que je vive cette espérance aujourd’hui ? »
👉 Parle-en à ton groupe ou ton église : comment vivons-nous notre mission ?
👉 Agis ! Encourage, console, bâtis, prie pour la guérison du monde — c’est ça, vivre dans l’attente du Roi.
– Jess Brandt-Bally / Esprit & Vérité